Les pages 68 à 77 contiennent un poème en langues latine, gasconne et française (avec la traduction en français pour les deux premières).
Il s'agit du «Poème dressé par G. de Saluste, Seigneur Du Bartas, pour l'accueil de la reine de Navarre, faisant son entrée à Nérac, auquel trois Nymphes débattent qui aura l'honneur de saluer Sa Majesté »
[imatge id=22323]Quand en 1578 Catherine de Médicis et Marguerite de Valois sont reçues à Nérac, un des sièges de la cour gasconne d’Henri IV de France et III de Navarre, le jeune Salluste Du Bartas (qui pourtant a commencé sa carrière d’écrivain français) leur compose une entrée allégorique et trilingue où trois muses symbolisant les langues françaises, latines et gasconnes se disputent l'honneur d'accueillir ces hôtes ; au terme de cette joute oratoire, c'est bien la muse gasconne qui l'emporte.
Bartas y fait l’éloge d’une langue que ni lui ni ses interlocuteurs de la cour de Navarre ne cherchèrent à promouvoir comme langue littéraire. Cette prééminence fortement affirmée de la langue du lieu sur ses concurrentes a surtout valeur de compensation pour celui qui la clame, de déférence ornementale pour ceux qui la reçoivent.
Le modèle du dialogue des Muses sera repris en 1633 à Montpellier pour l'entrée de Schomberg, le nouveau gouverneur : Despuech, en écrivant ce nouveau psychodrame linguistique, entend chasser la nymphe française, insupportable outredcuidance, au bénéfice des nymphes languedociennes.
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C’est en 1565 que Pey de Garros publie à toulouse chez Jacques Colomès sa première oeuvre gasconne les Psaumes de David viratz en rhythme gascon que l’on peut considérer comme la première oeuvre du gascon moderne.
Réseau des médiathèques de l'agglomération Pau-Pyrénées, Usine des Tramways, Fonds ancien, F 333 R
Reliure XVIe siècle, vélin blanc, milieu et filets dorés sur les plats, tranches dorées. Parchemin XVIe siècle.
La marque de titre est celle de Jean Moulnier (ou Molinier ou Mounier), libraire-éditeur toulousain de 1551 à 1565 pour le compte duquel furent imprimés les Psaumes de Garros.
Les imprimeurs Jacques I Colomiès (de 1526 à 1568) et Guyon Boudeville (de 1541 à 1561) imprimèrent pour le compte de Jean Moulnier et utilisèrent sa marque, tantôt telle qu’elle apparaît sur les Psaumes de Garros, tantôt avec la devise “AV VERTY GVIDE / HONNEVR SVIT”
Le présent exemplaire, conservé à la Bibliothèque de Pau (Réseau des Médiathèques de Pau-Pyrénées, fonds ancien), a été donné par l’abbé Aloys de Laforcade en 1998. Il s’agit vraisemblablement de l’exemplaire non localisé mentionné dans la Bibliographie de François Pic, dont on avait perdu la trace depuis 1891 lorsqu’il avait été acheté par un certain M. Lacourt, antiquaire à Bordeaux, lors de la vente de la Bibliothèque de Jean Bazillac, ancien banquier à Mirande, dans le Ge
Originaire de Lectoure, en Armagnac, Pey de Garros commence sa carrière d’écrivain à Toulouse, où il poursuit des études de droit : il y fréquente les poètes et mainteneurs du Collège de rhétorique (il devient Académie des jeux floraux dans les dernières années du XVIIe siècle), qui lui décernent, en 1557, la Violette pour un Chant royal de la Trinité en français, recopié dans le Registre rouge, avec un Sonnet de Dame Isaure.
Notable de sa ville natale, il est lieutenant principal au sénéchal d’Armagnac à Lectoure. Puis il s’installe à Pau après la Saint-Barthélemy : il exerce alors les fonctions d’avocat général à la Cour souveraine de Béarn entre 1572 et 1576.
En 1561, Pey de Garros est appelé “lieutenant particulier” de la reine de Navarre Jeanne d’Albret et en 1565, dans le privilège accordé pour l’impression des Psaumes, il est qualifié de “conseiller de la reine de Navarre”.
Il est possible que Pey de Garros fut déjà militant protestant à Toulouse vers 1548. A cette époque, en effet, la majorité des étudiants de Toulouse étaient acquis à la Réforme.
Pendant les années 1561 à 1565 Lectoure fut troublé plusieurs fois par les querelles religieuses. Il est alors plusieurs fois délégué des protestants de Lectoure auprès de Jeanne d’Albret.
Pey de Garros fut à la fois un paisible magistrat vivant à une époque troublée et un poète provincial sans grande gloire, mais non tout à fait ignoré, puisqu’il connut les honneurs académiques et la faveur d’une reine.
Pey de Garros a composé quatre ouvrages :
- D’une part, deux pièces dédicatoires en latin imprimées séparément dans deux ouvrages de droit publiés à Toulouse en 1554 et 1555
- D’autre part, deux volumes intégralement écrits en occitan (sauf les adresses “au Lecteur” rédigées en français), et imprimés à Toulouse en 1565 et 1567.
En 1565 il publie à Toulouse chez Jacques Colomès les Psaumes de David viratz en rhythme gascon et deux ans plus tard toujours chez le même éditeur les Poésies gasconnes dédiées à Henri de Navarre.
C’est le sixième livre d’Auger Gaillard.
Ce livre est surtout un recueil de requêtes adressées à Catherine de Navarre.
Ernest Nègre suppose qu’il a été imprimé à Pau où Gaillard était censé se trouver à cette époque, mais rien ne permet d’étayer cette hypothèse.
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Las Obros est le premier recueil imprimé des poésies du poète et chansonnier Auger Gaillard (vers 1530-1595), de Rabastens (Albigeois).
Le recueil a été imprimé en 1579 à Bordeaux, chez Jacques Olivier, et dédié à François de Caumont, baron de Monbeton, seigneur et capitaine protestant. La mention latine « Ne extra hanc bibliothecam efferatur » sur la page de titre (« ne pas diffuser en-dehors de cette bibliothèque ») pourrait indiquer qu'il s'agit d'une impression clandestine, sans privilège royal, ce qui justifie également la dédicace à une figure du parti protestant.
Auger Gaillard, huguenot lui-même, a été soldat pendant les guerres de Religion et a combattu en Quercy dans les armées protestantes.
Cet imprimé bordelais est la première édition connue des poèmes d'Auger Gaillard. Certains auteurs mentionnent une édition montalbanaise postérieure, mais aucun exemplaire n'a jamais été mis à jour, ce que confirme l'Histoire de l'imprimerie et de la librairie à Montauban d'Émerand Forestié (Montauban : Forestié, 1898). Le recueil se compose de 49 poésies, dont 40 en occitan et 9 en français. Auger Gaillard y développe un style tranché par rapport à la poésie française du XVIe siècle, utilisant un langage direct et populaire sur des thématiques triviales.
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La poésie de Pey de Garros, est une poésie bucolique écrite dans une langue populaire riche, vigoureuse et naturelle. C’est une des premières œuvres occitanes du XVIe siècle qui revendique sa filiation avec les écrits des troubadours et « tente de poser l’existence d’une langue et d’une nation gasconne ».
Poesias gasconas de Pey de Garros Laytorès dedicadas a magniphic e poderos princep le Princep de Navarra son seño
Albi BM - Rochegude 2436
Paris BnF - 16- YE- 1797
Paris BnF - RES- YE- 863
Paris B Mazarine - 4° 10917 O [Res]
Toulouse BU Arsenal - Resp 35293
Versailles BM - Goujet 23 4°
Londres BL - 241.l.14
La poésie de revendication s’affiche aux premières pages de l’ouvrage dans l’avis au lecteur où l’auteur expose sa défense de la langue gasconne, seul passage en français de l’ouvrage.
Pey de Garros, publie les Poesias gasconas en 1567, après ses Psaumes de David viratz en rhythme gascon publiés à Toulouse deux ans plus tôt. Bien que peu lue, l’œuvre de Garros renouvela profondément la littérature d'Oc au XVIe siècle. Garros est le premier auteur qui, de façon totalement novatrice, assume dans l'expression littéraire les particularités dialectales du gascon dans l'ensemble occitan. Il marque - comme le relève Robert Lafont - dans le devenir occitan, la naissance du gascon écrit. Utilisant dans son œuvre une graphie personnelle qui se situe en rupture avec les anciennes traditions d'écriture des archives, il veut ainsi faire entrer sa langue dans la modernité à l'instar des autres langues européennes. Le but de Garros est de rendre sa dignité à la langue gasconne, lien d'une nation encore à naître.
Non seulement il refuse d'écrire en français, « lengatge hardat » (langage fardé) pour adopter « la lenga de la noiritut » (langue de la nourrice), opposant ainsi le naturel à l'artifice, mais, par son choix des genres poétiques, il se distingue volontairement de la Pléiade française.
Les églogues de Pey de Garros ; suivies du Chant nuptial : texte de 1567 avec une traduction, des notes et un glossaire par André Berry,.... Toulouse : É. Privat, 1953. (CAC 801)
Eglògas : poësias gasconas / Pey de Garros Éd. bilingue établie par Jean Penent. - [Toulouse] : Letras d'òc, 2012, Texte original accompagné d'une adaptation en orthographe moderne (gascon), d'une adaptation en occitan languedocien et d'une traduction française. - Bibliogr. p. 269-275 (CAC 9421)
L’œuvre de Pey de Garros occupe une place éminente et fait de lui un des promoteurs de la renaissance provençale. Il est un des premiers promoteurs de la tradition d’écriture occitane qui s’inspire du modèle antique de Virgile et de sujets bucoliques. Après lui cette voie sera suivie par Larade et Goudelin au XVIIe siècle, l’abbé Favre et Claude Peyrot au XVIIIe siècle et se prolongera jusqu’aux Chansons pastorales de Despourin au XIXe siècle.
Colloque sur Pey de Garros et la situation culturelle de l'Aquitaine méridionale au XVIème siècle : Auch Lectoure, 15, 16, 17 avril 1965 Institut d'Etudes Occitanes. [Toulouse] : Institut d'Etudes Occitanes, 1968
Pey de Garros : ca 1525-1583 : actes du Colloque de Lectoure, 28, 29 et 30 mai 1981 réunis par Jean Penent ; Centre d'étude de la littérature occitane. - Béziers : Centre International de Documentation Occitane, 1988.
François Pic, « Bibliographie de l’oeuvre imprimée de Pey de Garros » dans : Pey de Garros : ca 1525-1583, Béziers : Centre International de Documentation Occitane, 1988, p. 71-88.
Jean-Yves Casanova, « Entre Gascogne et France : l'idéologie de Pey de Garros dans les Poesias Gasconas de 1567 et l'ethnotypisme linguistique du Faeneste », Albineana, Cahiers d'Aubigné, 1995, 6, p. 289-306.
L'œuvre de Pey de Garros : poète gascon du XVIe siècle André Berry ; éd. établie par Philippe Gardy et Guy Latry. Talence : Presses universitaires de Bordeaux, 1998.
On ne connaît pas bien les circonstances qui ont pu présider à la composition et à la publication des Poésies gasconnes.
Ce que l'on peut dire c'est que leur composition s’échelonnerait sûrement sur une longue période entre ses études à Toulouse et le moment où il revient à Lectoure.
Ce recueil poétique renferme :
La Dédicace à Henri de Navarre et la préface française (Au Lecteur)
8 Eglogues
Ce sont des dialogues ou des entretiens de trois à cinq personnages rustiques, à la manière des églogues antiques, et en vers de dix pieds; deux autres sont les monologues d’un personnage qui se raconte lui-même en octosyllabe, dans une veine qui n’a rien de grec ni de latin.
Les quatre premières ont pour sujet la guerre et les armes ; les quatres dernières sont les bergeries du temps de paix.
En effet, elles portent la marque des troubles que connaît Lectoure entre 1561 et 1567, la ville est alors disputée entre catholiques et protestants.
Il imite les Bucoliques de Virgile, en faisant parler des paysans et paysannes mais chez lui ils sont vraiment de Lectoure et témoignent de leur souffrance vis à vis des guerres de religion. Toujours au moins un personnage exprime les sentiments propres de Pey de Garros lui-même.
6 suites de Vers Heroicz en vers de douze pieds forment la deuxième partie. Ce sont des monologues de héros antiques : Hercule, Alexandre le Grand, Pyrrhus, Annibal, Sylla, Jules César.
Plusieurs sources d’inspiration sont à l’origine de ces vers :
Il imite les Hymnes de Ronsard parus en 1555 et 1556
Ces vers sont originaux d’une part parce que les sujets parlent d’eux, de leurs exploits et de leur morts à la première personne. C’est une sorte de monologue aux Enfers. D’autre part parce qu’ils font leur confession, les héros montrent eux-mêmes la vanité de leur gloire et leur faiblesse. Ils sont soumis comme les autres hommes au destin, à la loi divine et à la mort.
Pey de Garros montre ainsi ses soucis de moralité chrétienne et fait de sa poésie une méditation morale.
4 Epîtres
dont les deux premières sont des lettres de moralisation à un “H.B.”, ami poète et médisant. La troisième, adressée au même, porte la profession de foi littéraire de Garros. C’est un manifeste sur la dignité du gascon.
La quatrième est de la main d’un personnage inconnu, désigné par des initiales A.B. L’abbé Couture a proposé d’y reconnaître Hector de Beaulieu, qui était organiste de la cathédrale de Lectoure.
3 pièces diverses dont Cant Nobiau, un chant qui décrit un mariage gascon, une Chanson dédiée à P.H., probablement un chant d’amour déçu et une Elégie adressée à une femme.
Selon André Berry, le recueil est inégal : “Garros, en dépit de quelques trébuchements, s’est élevé dans les Eglogues jusqu’au chef-d’oeuvre ; il a rejoint le passable dans les Vers heroïcz ; il a sombré dans le médiocre avec les deux premières Epîtres, et, remonté avec la troisième, a culminé dans le Cant nobiau, pour finir sur deux bluettes. Négligeable, en somme, dans les parties qui ne sont point du terroir, l’ouvrage reste valable dans la mesure où il est gascon.”
Cet exemplaire est celui de la Bibliothèque nationale de France, il porte la cote Res. Ye. 863
Reliure de parchemin avec traces de 2 lanières.
On y trouve deux additions manuscrites de vers aux feuillets E4v° et H4v° et quelques corrections d’orthographe et de ponctuation.