Le Breviari d’amor (« Bréviaire d’amour » en français) est un vaste poème encyclopédique rédigé par un certain Matfre Ermengaud, juriste biterrois, à la fin du XIIIe siècle.
Ce monument de la littérature didactique occitane, constitue une œuvre unique au sein des encyclopédies du Moyen Âge. Composé en Languedoc entre 1288 et 1292 environ, dans le contexte de l’après-Croisade contre les Albigeois et la disparition de la lyrique des troubadours, Matfre Ermengaud tente avec ce poème encyclopédique de 34.597 vers de concilier deux conceptions opposées de l’amour : celle des clercs, l’amour de Dieu, et celle de la fin’amor des troubadours, l’amour des amants et des Dames.
Avec le Breviari d'amor, Matfre Ermengaud livre la seule œuvre encyclopédique connue qui conçoit le monde moral et physique à travers la notion de l’amour. Le plan de l’œuvre est tout aussi original : après une somme de savoirs théologiques et d’histoire religieuse organisée autour d'un arbre généalogique de la conception du monde « l'Arbre d'amor », les 7.000 derniers vers forment un curieux traité sur la fin’amor des troubadours, le « Perilhos tractat d'amor de Donas » (le traité des danger de l’amour des Dames).
Avec 24 copies et versions conservées (12 complètes et 12 fragments), auxquelles il faut ajouter une dizaine de traductions en prose en catalan et en castillan, le Breviari d’amor compte parmi les œuvres occitanes les plus connues et diffusées au Moyen Âge avec les chansons de troubadours.
Le nombre et la richesse des enluminures de beaucoup de copies en ont fait des pièces recherchées par les grands collectionneurs de l’époque moderne, expliquant aujourd’hui leur localisation dans plusieurs bibliothèques nationales européennes.
< Bréviaire d'amour (traduction française du titre)
< « Perilhos Tractat d'amor de Donas » (titre de partie : deuxième section du Breviari d'amor, v. 27252-34597)
< « Dregz de natura comanda » et « Dregz es donc quez ieu espanda » (titres de partie : deux chansons de Matfre Ermengaud sur lesquelles s’ouvrent souvent les manuscrits)
Le Breviari d’amor est connu par un vaste corpus de 24 copies (12 complètes, 12 fragments de copies différentes) auquel il faut ajouter des versions traduites en prose en catalan (7 copies, 3 fragments et un extrait) et en castillan (une copie). Aucune traduction ne contient le « Perilhos tractat d'amor de Donas ».
Toutes les copies complètes sont de grand format, avec un texte sur deux colonnes. La plupart contiennent de nombreuses miniatures exécutées d'après les indications de l'auteur.
La très grande majorité des copies ont été effectuées en Languedoc, sauf D et N (Catalogne). Elles sont toutes du XIVe siècle et sur parchemin, à l’exception de D et I, sur papier, et qui sont sans doute postérieures (fin du XIVe, voire XVe siècle).
Suivant la tradition érudite pour l'étude des chansonniers occitans, les différents manuscrits du Breviari d'amor font l’objet d’un classement par sigles. On inscrit par convention les sigles des différentes versions du Breviari d'amor en italique pour éviter la confusion avec ceux désignant des chansonniers. Ces sigles ont été attribués par Gabriel Azaïs, premier éditeur du Breviari d'amor, et complétés par Clovis Brunel puis Peter Ricketts au fur et à mesure de la découverte de nouveaux fragments.
Selon Peter Ricketts, le groupe des manuscrits DGHIMN correspond aux copies les plus fidèles à l'original. Le manuscrit M (Escurial, San Lorenzo, S.I.3) se distingue « par la qualité de son texte et par la fidélité des autres manuscrits à son égard » (P. Ricketts, t. V, 1976). Il sert aujourd'hui de base à l'édition du texte.
A – Bibliothèque nationale de France, ms. français 857.
Languedoc, XIVe siècle.
Consulter le manuscrit en ligne sur Gallica.
B – Bibliothèque nationale de France, ms. français 9219
Languedoc, XIVe siècle. Importantes lacunes.
Consulter le manuscrit en ligne sur Gallica.
C – Bibliothèque nationale de France, ms. français 858.
Languedoc, XIVe siècle. Rapport étroit avec L (Londres, British Museum, Royal 19.C.1).
Consulter le manuscrit en ligne sur Gallica.
D – Bibliothèque nationale de France, ms. français 1601.
Catalogne, fin du XIVe ou XVe siècle. Le manuscrit commence au v. 3355 et se termine au v. 31461. Il a été exécuté en Catalogne et semble être postérieur aux autres.
Consulter le manuscrit en ligne sur Gallica.
F – Vienne, Österreichische nationalbibliothek, cod. 2563.
Languedoc, milieu du XIVe siècle.
Consulter le manuscrit en ligne sur le site de la Bibliothèque Nationale d'Autriche.
G - Vienne, Österreichische nationalbibliothek, cod. 2583.
Languedoc, XIVe siècle. S’ouvre avec les deux chansons de Matfre.
Consulter le manuscrit en ligne sur le site de la Bibliothèque Nationale d'Autriche.
H – Lyon, Bibliothèque municipale, ms. 1351.
Début XIVe siècle. Lacunes importantes.
Consulter le manuscrit en ligne sur la Bibliothèque virtuelle des manuscrits médiévaux bvmm.irht.cnrs.fr
I – Carpentras, Bibliothèque Inguimbertine, ms. 380.
Fin du XIVe ou XVe siècle Nombreuses lacunes.
Manuscrit non disponible en ligne.
K – Londres, British Museum, Harley 4940.
Languedoc. XIVe siècle. Le texte complet.
Voir la notice et quelques f. numérisés sur le site de la British Library www.bl.uk
L – Londres, British Museum, Royal 19.C.1
Languedoc, début du XIVe siècle. Le manuscrit commence avec les deux chansons de Matfre.
Voir la notice et quelques vues numérisées sur le site de la British Library www.bl.uk
M – Escorial, Real Biblioteca del Monasterio de San Lorenzo del Escorial, S.1 n°3.
Languedoc, XIVe siècle. Texte complet. La manuscrit commence avec les deux chansons de Matfre.
Manuscrit non disponible en ligne.
N – Saint-Petersbourg, Bibliothèque nationale de Russie, Ms. Prov. F. V. XIV.1.
Lerida (Catalogne), Fin du XIIIe siècle. Texte complet. S’ouvre sur les deux chansons de Matfre.
Voir la notice et quelques f. numérisés en ligne sur le site e-corpus.org
O – BnF, ms. français 1745, f. 130-134.
Agde (Languedoc), XIVe siècle. Extrait.
a – Paris, BnF, fr. 14960
b – Paris, BnF, nouv. Acq., fr. 11198
c – Paris, Archives nationales, AB XIX, 1745 pièce 6
d – Toulouse, AD haute-Garonne, H. St Sernin 6
e – Nîmes, AD du Gard, liasse 1 F83
f(i) Cambridge, BU, Add. 2709 (anc. Béziers, Bib. Soc. Archéol.)
g – Labarthe-Bleys (Tarn), Archives du château, coll. De Faramond
h – Aix-en-Provence, AD Bouces-du-Rhône, 301 E 25 et 301 E 26
k – Vienne, AM, M.220
l – Albi, Bibl. Rochegude 4
m – Vacqueyras, AM, GG16
n – Cahors, Médiathèque, Fonds ancien et Quercy, 146
Complets ou lacunaires :
E – Paris, BNF, esp. 353
P – Madrid, BN, res. 203
Consulter le manuscrit numérisé
R – Barcelone, BU, ms. 72
S - Paris, BNF, esp. 205
Consulter le manuscrit numérisé
U – Londres, Brit. Lib., Yates Thompson 31
V – Barcelone, Bibl de Catalunya, ms 266
(Y – Barcelone, Biblioteca d'El Palau, ms. IV)
Extrait :
X – Londres, Brit. Mus., ad. ms. 16433
Fragments :
a – Gand, Bibliothèque de l'Université, 3284]
z – Barcelone, Bibl. De Catalunya, ms. 1486
T – Chicago, Bibl. Univ., ms 63
Consulter le manuscrit numérisé
Captation vidéo de la conférence donnée le 12 juin 2011 au CIRDOC-Mediatèca occitane (Béziers) par Peter T. Ricketts.
Elle se propose d'examiner le Breviari d'amor "à travers la tradition encyclopédique et la place qu'il occupe dans cette tradition, en réunissant dans un seul texte la théologie à côté d'un traité courtois."
Matfre Ermengaud, poète biterrois, commence en 1288 la composition du Breviari d'amor, un long poème en occitan de 35 000 vers qui se veut la somme des connaissances de son temps. 12 manuscrits intégraux, richement enluminés, et autant de fragments en sont parvenus jusqu'à nous. Le manuscrit le plus complet est conservé au musée de l'Ermitage impérial, à Saint-Petersbourg. Le CIRDOC en possède un fac-simile.
Une première édition du Breviari d'amor a vu le jour en 1862 sous l'égide de Gabriel Azaïs et de la Société archéologique de Béziers.
Peter Ricketts est l'auteur d'une nouvelle édition et d'une traduction française du Breviari d'amor. Il est professeur de français et de philologie romane à l'université de Birmingham.