Les pages 68 à 77 contiennent un poème en langues latine, gasconne et française (avec la traduction en français pour les deux premières).
Il s'agit du «Poème dressé par G. de Saluste, Seigneur Du Bartas, pour l'accueil de la reine de Navarre, faisant son entrée à Nérac, auquel trois Nymphes débattent qui aura l'honneur de saluer Sa Majesté »
[imatge id=22323]Quand en 1578 Catherine de Médicis et Marguerite de Valois sont reçues à Nérac, un des sièges de la cour gasconne d’Henri IV de France et III de Navarre, le jeune Salluste Du Bartas (qui pourtant a commencé sa carrière d’écrivain français) leur compose une entrée allégorique et trilingue où trois muses symbolisant les langues françaises, latines et gasconnes se disputent l'honneur d'accueillir ces hôtes ; au terme de cette joute oratoire, c'est bien la muse gasconne qui l'emporte.
Bartas y fait l’éloge d’une langue que ni lui ni ses interlocuteurs de la cour de Navarre ne cherchèrent à promouvoir comme langue littéraire. Cette prééminence fortement affirmée de la langue du lieu sur ses concurrentes a surtout valeur de compensation pour celui qui la clame, de déférence ornementale pour ceux qui la reçoivent.
Le modèle du dialogue des Muses sera repris en 1633 à Montpellier pour l'entrée de Schomberg, le nouveau gouverneur : Despuech, en écrivant ce nouveau psychodrame linguistique, entend chasser la nymphe française, insupportable outredcuidance, au bénéfice des nymphes languedociennes.
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