Le poème la Coumtesso de Frédéric Mistral a été écrit à Maillane le 22 août 1866, il est adressé « au catalan don Victor Balaguer », alors exilé politique, réfugié en Provence. Le texte paraît dans l'Armana prouvençau en 1867 et sera publié la même année à Barcelone accompagné d'une version catalane par Victor Balaguer. En 1889 le même poème avec sa traduction française est publié dans Lis Isclo d’or.
Le refrain de la Coumtesso avec deux vers de Victor Balaguer sont inscrits sur la Coupo santo offerte par les poètes catalans aux félibres.
Morta diuhen qu’es,Mes jo la crech viva.V. Balaguer
Ah ! se me sabien entèndre !
Ah ! se me voulien segui !
F. Mistral
La Coumtesso est un poème politique et revendicatif dans lequel Mistral personnalise la Provence incarnée par la Coumtesso enfermée dans un couvent par sa sœur la France. Il s’y élève contre l'idéologie et la centralisation jacobine. Il y défend la revendication d’une culture opprimée.
Sabe, iéu, uno Coumtesso
Qu'es dóu sang emperiau :
En bèuta coume en autesso
Cren degun, ni liuen ni aut ;
E pamens uno tristesso
De sis iue nèblo l'uiau.
Lors de sa parution dans l’Armana prouvençau, le poème sera commenté par Emile Zola dans le Figaro du 3 février 1867 :
"Le poème en langue provençale dont je vais parler brièvement, n’est pas un fait isolé, l’œuvre d’un troubadour égaré en plein dix-neuvième siècle. Il se rattache à tout un ensemble littéraire, il est le produit direct d’un large mouvement qui porte, depuis une dizaine d’années, certains esprits généreux et poétiques du Midi à rêver d’une résurrection de la Provence, « de la belle comtesse », comme la nomment les initiés.
Il y a complot, je vous en préviens. Lisez dans l’Almanach provençal de 1867 une pièce de vers intitulée : la Coumtesso, Frédéric Mistral y appelle aux armes « tous ceux qui savent le comprendre et tous ceux qui veulent le suivre ». Ce sont là des songes pleins de générosité, dont je me garderai de discuter la poésie. A quoi bon étaler aux yeux de ces poètes, ivres de leurs clairs soleils, le spectacle des faits accomplis et des nécessités sociales. Eh ! Laissons-les chanter, laissons-les rêver. Ils adoucissent dans leurs chants l’agonie de cette langue provençale qui recule pas à pas devant la langue française…"
Si l’on peut voir une revendication nationaliste dans le poème la Coumtesso, il est intéressant de le rapprocher du discours prononcé par Mistral le 25 mai 1884, lors de la fête des félibres de Sceaux, à l’occasion de l’anniversaire de Florian et du 400ème anniversaire du rattachement de la Provence à la France.
La fête des félibres de Sceaux pour l’année 1892 aura pour président d’honneur Emile Zola.