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Vidéoguide : Au loup ! Histoire de la Bête (langue et sous-titres en occitan)

Durant trois années, du 11 avril 1764 au 19 juin 1767, le Gévaudan subit les assauts d'une bête féroce qui terrorise la population causant mort et désolation sur son passage. Les meilleurs chasseurs sont dépêchés sur le terrain sans succès jusqu'à cette journée de juin 1767 durant laquelle un homme de la région met un terme à la macabre cavalcade.

Ce vidéoguide d'animation a été réalisé en 2014 dans le cadre du projet e-Anem, financé par le FEDER en Languedoc-Roussillon.

Version occitane sous-titrée en occitan.

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Je cherche des informations sur le « rapatanàs », sorte de créature effrayante dont j’entendais parler dans mon enfance, dans la région d’Albi.
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers, Hérault)
Votre question : Je cherche des informations sur le « rapatanàs », sorte de créature effrayante dont j’entendais parler dans mon enfance, dans la région d’Albi.

Notre réponse :
Parmi tous les êtres fantastiques qui peuplent l’imaginaire populaire en pays occitans, on trouve un grand nombre de créatures maléfiques dont les parents usent pour faire peur aux enfants et leur signifier dangers et interdits. Ces « croque-mitaines » présents dans les imaginaires du monde entier, prennent des formes, des aspects et des appellations différentes selon les langues, les cultures et les régions.

Image d’Épinal (Le véritable Croquemitaine, Maison Pellerin, 1856 ; détail). En ligne sur gallica.bnf.fr, Collection Bibliothèque nationale de France. « Monsieur Croquemitaine emporte deux petits vauriens dans sa prison »

Dans l’espace occitan :

Parmi les êtres maléfiques les plus connus on trouve lo babau, la babarauda, la babaronha, la babòta, la baragonha, lo barban, la bofatina, la cata-ferrada, la faramauca, la garramauda, la granhauda, la marrochina, la mecosa, lo palhassa, la paparaunha, la patatualha, lo pelomàs, lo pelharòt ou encore la romeca.

Dans le Tarn :

Les nombreuses enquêtes menées par le CORDAE-La Talvera sous la direction de Daniel Loddo font du Tarn une région particulièrement bien documentée sur les imaginaires populaires et les éléments du patrimoine culturel immatériel. Sont attestées notamment la cachavièlha, la garramacha, la bèstia ramacha, la pantaramacha, lo badaluc, la catamiauna, la tataraunha, la cata ramagèla.
Dans le registre des peurs enfantines on retrouve aussi fréquemment des personnages de fées, fadarèlas ou fachilièiras, et les créatures sauvages, la salvatja, la salimonda ou la saurimonda.

Nous n’avons pas trouvé dans la documentation le personnage du « rapatanàs » mais on peut penser qu’il s’agit d’une variante du fameux rapaton, petit diable ou « diable de 2e classe » (Charles Mouly, voir bibliographie ci-dessous). En occitan, le suffixe -às, très courant, est employé comme augmentatif. Le rapatonàs (se prononce « rapatounas ») désigne donc une sorte de gros diable.

Le « rapaton » est l’emblème du festival des « Rapatonadas » (IEO 15). Affiche de l’édition 2015


Le rapaton quant à lui, plus espiègle que véritablement maléfique, a donné son nom au festival des contes et de l’oralité du Cantal, les « Rapatonadas », organisé chaque année par l’Institut d’Etudes occitanes du Cantal.

Pour en savoir plus, quelques conseils de lecture :

- LODDO, Daniel, PELEN, Jean-Noël, Êtres fantastiques des régions de France : actes du colloque de Gaillac, 5, 6, 7 décembre 1997, L'Harmattan, 2001.

- Les croquemitaines : faire peur et éduquer, Centre alpin et rhodanien d'ethnologie, 1998.

- Êtres fantastiques dans les Alpes : recueil d'études et de documents en mémoire de Charles Joisten (1936-1981), Centre alpin et rhodanien d'ethnologie, 1992.

- PINIES, Jean-Pierre, Croyances populaires des pays d'Oc, Rivages, 1984.

Enquêtes ethnographiques du CORDAE-La Talvera :

- LODDO, Daniel, Gents del país gresinhòl : canton de Castelnau-de-Montmiral (Tarn), CORDAE/La Talvera, 2010.

- LODDO, Daniel, Legendas d'Occitània : Albigeois, Montagne Noire, Quercy, Rouergue, CORDAE-La Talvera, 2005.

- LODDO, Daniel, Gents del Segalar : cantons de Carmaux, Monestiès, Pampelonne, Valdériès, Valence : Tarn, C.O.R.D.A.E./La Talvera, 2002.

Consulter le catalogue du centre de documentation du CORDAE-La Talvera : Site CORDAE/La Talvera


Contes avec le personnage de Rapaton :

- MOULY, Charles, « La légende du pont Valentré de Cahors en Quercy », dans : Mon sabot de verre : Contes et légendes des Pays d’Oc, éditions du Raffut, 2008.

- PERBOSC, Antonin, « Polichinelle et Rapatou », dans Contes de Gascogne, éditions Erasme, 1954.
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Statue de Pépézuc
CIRDÒC - Mediatèca occitana

La statue antique encore visible aujourd’hui à l’entrée de la rue française, sur la place éponyme, est dans la tradition biterroise, celle du héros de la cité, un certain Pépézuc. Exhumée des vestiges antiques de la ville, elle donne corps au personnage de Pépézuc qui prend sa véritable place dans l’espace public au début du XVIIe siècle lorsque associé à la légende de la ville, il entre dans la littérature en incarnant le personnage central du Théâtre de Béziers. La statue devient alors lieu de vénération et de folklore.

Localisation :

Place Pépézuc, Béziers (Hérault)

Datation de l’édifice :

IIIe siècle

Importance pour la culture occitane


L’histoire de la statue : Pépézuc et son symbole


Pépézuc, personnage tutélaire de la ville de Béziers, est représenté par une statue de marbre de l’époque romaine placée au départ de la rue française. Certains érudits ont cru y découvrir la représentation de l’empereur Auguste1;ou la statue d’Hercule2, tandis que d’autres y voient celle de l'empereur romain Tetricus fils (fin du IIIe siècle), chargé de la réparation de la voie Domitienne.Statue romaine identifiée comme celle de l'empereur Tetricus fils (fin du IIIe siècle), Place Pépézuc à Béziers © CIRDÒC

Mentionnée à cet emplacement et sous ce nom en 1348, par le Libre de Memorias de Jacme Mascaro3, la statue fait l’objet de vénération de la part des biterrois. Elle ne se manifeste réellement dans sa fonction symbolique qu’au début du XVIIe siècle, lors des fêtes annuelles des Caritats ("charités", en occitan, il s'agit des fêtes de l'Ascension). Le 16 mai 1616, jour de la fête de l’Ascension est représentée pour la première fois la pièce intitulée L’Histoire de Pépézuc. Cette pièce de théâtre, en occitan, allégorie relative aux troubles qui eurent lieu en France dans les premières années du XVIIe siècle, fait intervenir le personnage de Pépézuc. Pour expliquer ce nom,  une référence au capitaine Pierre Pépésuc (ou Pépézuc) qui, « lors de la prise de Béziers par les Anglais, les empêcha seul d’entrer dans la rue principale, qui reçut pour cela le nom de rue française » a été évoquée4. Mais il paraît plus plausible d'y voir simplement une allusion à l'expression occitane pè pesuc (pied lourd ou pesant) qui désigne localement un boîteux. Il n'est pas exclu que l'usage de cette expression comme chafre soit à l'origine de l'appellation de Pépézuc pour certains personnages.
Le personnage prend alors toute sa dimension théâtrale en servant d’ornement aux fêtes des Caritats. Participant aux réjouissances publiques, il est « badigeonné d’un lait de chaux » et « descendant de son piédestal il apparaît sur le théâtre populaire pour exprimer en vers languedociens son opinion sur les évènements du jour5. Pourvue de ses attributs guerriers et virils, garant de la virilité des hommes et de la fécondité des femmes, mise en scène par le carnaval et auprès de laquelle passaient tous les défilés, la statue de Pépézuc était saluée par les autorités, les drapeaux et la musique6.


Pépézuc, marque de l'imprimeur du Théâtre de Béziers


Le Théâtre de Béziers désigne l’ensemble des pièces jouées à Béziers lors des fêtes des Caritats au début du XVIIsiècle. Il nous est connu par l’œuvre de l’imprimeur Martel qui édite l’ensemble de ces pièces à l’époque même où elles sont jouées. De 1628 à 1657, il publie les textes de 24 comédies, pastorales, monologues ou farces7 dont les auteurs ne sont pas tous connus, excepté un certain Michaille et l’avocat Bonnet auteur de poèmes primés aux Jeux Floraux de Toulouse8. Martel9 fait preuve de militantisme dans la présentation de l’ouvrage. Il embrasse la cause de Pépézuc, le gardien et le conservateur des anciennes traditions et coutumes de Béziers qu’il entend par sa publication remettre à l’honneur. Aussi, l’imprimeur utilise comme marque de fabrique la représentation de Pépézuc.
Page de titre du Triomphe de Béziers publié par Jean Martel de Béziers en 1644. BM Toulouse, Res. D XVII 373 (5)
La gravure sur bois de la page de titre du Triomphe de Beziers au jour de l'Ascension10 publiée en 164411, est la première représentation du « vaillant Pépézuc ». Pour marquer cette double dimension à la fois sacrée et burlesque, voire païenne, du personnage de Pépézuc, l’image s’accompagne d’une légende le qualifiant :

    Nevout de Mars, fil de Latonne 
      Neveu de Mars , fils de Latonne…
    Mange murailles, brise picques
      Mange murailles, brise piques
    Seco Tonnels, vuide Barriques, 
      Sèche tonneaux, vide barriques…
    Grand empregniyare de Chambrieyres
      Grand fécondeur de servantes.


Pépézuc, emblème du CIDO


Porte drapeau de la littérature et de l’esprit occitans, la représentation de Pépézuc, sera utilisée par les fondateurs du CIDO qui le prennent pour emblème dans leurs premières publications lorsqu’il annoncent la création de la toute nouvelle bibliothèque occitane 12:
« En 1975, un groupe de bibliographes, de savants et d’écrivains associèrent leurs efforts à la ville de Béziers pour créer un Centre International de documentation occitane, public, ce qui était audacieux pour l’époque ».

Bulletin del Centre Internacional de Documentacion Occitana publié de 1976 à 1979.

En plaçant leurs pas dans ceux de Jean Martel13, les fondateurs du CIDO utilisent une image symbole, marque de l’imprimeur biterrois Martel à qui l’on doit la découverte, la sauvegarde du Théâtre de Béziersthéâtre occitan qui aurait inspiré plusieurs pièces de Molière14. Ils reprennent ainsi ses ambitions et fixent leur vocation : sauvegarder et faire connaître le patrimoine de la langue occitane15. Pour cela, ils constituent, à Béziers, une collection publique de référence, unique en son genre, conçue spécialement pour le livre occitan (documentation occitane). Elle portera le nom de Centre International de Documentation Occitane - Bibliothèque d’Occitania, utilisé dès 1978, avant de devenir en 1999 le CIRDÒC Mediatéca occitana qui poursuit aujourd’hui ses objectifs.


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  • 1. Émile Bonnet, La statue de Pépézuc : solution d'une énigme archéologique, Montpellier : Impr. E. Montane, 1929.
  • 2. Anne Rulman (1582-1632), « Récit des anciens monuments qui paroissent encore dans les departemens de la premiere et seconde Narbonnoise et la representation des plans et perspectives des edifices publics sacrés et prophanes, ensemble des palais, statues, figures et trophées, triomphes, thermes, bains, sacrifices, sepultures, medailles, graveures, epitaphes, inscriptions et autres pièces de marque, que les Romains y ont laissées, pour la perpétuité de leur memoire, et notamment dans Nismes, où, de mesme qu'ailleurs, l'injure du tems et la negligence des hommes les avoit ensevelies, avec le narré des estranges révolutions du Languedoc, depuis les Volces, les Romains, les Vendales, les Visigoths, les Sarrasins... et nos rois, qui ont réuni cette belle province à leur domaine. 1er septembre 1626 ». BM Nîmes (B301896101_MS0180_1).
  • 3. Lo Libre de memorias de Jacme Mascaro (XIVe siècle) publié d'après le manuscrit de Béziers, avec un avant-propos, une notice sur la langue de Mascaro, des notes, un lexique des mots et des formes qui ne se trouvent pas dans le "Lexique roman" de Raynouard, et une table alphabétique des noms propres par Charles Barbier,.... Montpellier : C. Coulet, 1895. Relevé dans : Émile Bonnet, La statue de Pépézuc, op. cit.
  • 4. Voyage dans les départemens du midi de la France par Aubin Louis Millin ... Tome premier [-Tome IV], A Paris : de l'imprimerie impériale, 1807-1811, IV-I, p. 366, relevé par Philippe Gardy, Le "Théâtre de Béziers" : Béziers au XVIIe siècle , op. cit. p. 9.
  • 5. Émile Bonnet, La statue de Pépézuc, op. cit. p. 2.
  • 6. Yves Rouquette, Béziers, les rues racontent, Montpellier : Les Presses du Languedoc, 1999, p. 112.
  • 7. François Pic, « Bibliographie du théâtre de Béziers », Cahiers de littérature du XVIIe siècle, n°5 , 1983, p. 129-145.
  • 8. Pouesios diversos del sieur Bounet de Beziers : ambe le remerciomen a messieurs les jutges & mainteneurs des Jocs Fleuraux a Toulouso per la flou del soucy que l'y fourec dounado en l'an 1628 / publ. avec notice biogr. et notes par M. Frédéric Donnadieu. Béziers : J. Sapte, 1898. Philippe Gardy, Le "Théâtre de Béziers" : Béziers au XVIIe siècle : catalogue de l'exposition : Musée des Beaux-Arts de Béziers, 25 avril-17 mai 1983. Béziers : Centre International de Documentation Occitane, 1983. Jean-François Courouau, « Choix et non-choix linguistiques dans l'Histoire de Pepesuc et dans l'œuvre de François Bonnet », publié dans : Français et langues de France dans le théâtre du XVIIe siècle, sous la direction de Bénédicte Louvat-Molozay, Paris : Presses universitaires du Midi, 2015, p. 245-257.
  • 9. Jean Martel né à Béziers en 1589, deviendra imprimeur officiel de la ville et des évêques de Béziers.
  • 10. Seconde partie du Triomphe de Beziers au jour de l'Ascension contenant la Colere ou Furieuse indignation de Pepesuc & le Discours funebre de son ambassadeur, sur la Discontinuation des anciennes coustumes. Ou sont adjoutées les plus rares pièces qui ont esté representées au susdit jour jusques à present.
  • 11.  Charles Brunet, Manuel du libraire et de l’amateur de livres, Paris, 1860-1865, III, 1477. La production de l’imprimeur Martel est connue par les seules pièces consacrées au Théâtre de Béziers dont seule l’impression de 1644 laisse apparaître cette marque de fabrique. L’impression des premières pièces en 1628 reprend sur la page de titre un fleuron qui ne présente pas les caractéristiques d’une marque d’imprimeur.
  • 12.  Bulletin del Centre international de documentacion occitana, n° 4, 1978, p. 1
  • 13.  C’est le CIDO qui à la suite de la Société archéologique en 1859, publiera en 1981, les pièces du théâtre de Béziers (voir bibliographie).
  • 14.  Hypothèse soulevée par Jacqueline Marty, « Quelques emprunts de Molière au Théâtre de Béziers », Revue des Langues Romanes, LXXXI, 1975, I, p. 43-66; battue en brèche par . Philippe Gardy et Jean-François Courouau, « Molière et le « Théâtre de Béziers » : état de la question » publié dans : Français et langues de France dans le théâtre du XVIIe siècle, sous la direction de Bénédicte Louvat-Molozay ; Paris : Presses universitaires du Midi, 2015, p. 175-189.
  • 15.  Donnant ainsi une réalité à un vieux rêve occitaniste, cf. Max Rouquette, « Pour une bibliothèque nationale occitane », Bulletin de la Société des bibliophiles occitans, 1945, (1), p. 41-44.
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Vidéoguide : Au loup ! Histoire de la Bête (en langue occitane sous-titrée français)
Durant trois années, du 11 avril 1764 au 19 juin 1767, le Gévaudan subit les assauts d'une bête féroce qui terrorise la population causant mort et désolation sur son passage. Les meilleurs chasseurs sont dépêchés sur le terrain sans succès jusqu'à cette journée de juin 1767 durant laquelle un homme de la région met un terme à la macabre cavalcade.

Ce vidéoguide d'animation a été réalisé en 2014 dans le cadre du projet e-Anem, financé par le FEDER en Languedoc-Roussillon.

Version occitane sous-titrée en français.
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Gargantua
CIRDÒC-Mediatèca occitana

Gargantua est ce héros gigantesque et légendaire, parcourant la France au fil des chroniques, et dont s'inspira Rabelais pour créer le personnage de ses récits littéraires (La vie très horrifique du grand Gargantua, père de Pantagruel, jadis composée par M. Alcofribas abstracteur de quintessence. Livre plein de Pantagruélisme, 1534).

1/ La légende raconte que...

Ce personnage mythique possède des caractéristiques le rendant facilement identifiable, et qui le rapprochent d’une autre figure « d’homme sauvage », Joan de l’Ors. Ces géants ont un appétit redoutable, et une barbe fournie. Gargantua se remarque également par sa maladresse et son tempérament nomade. La légende veut qu’il ait parcouru la campagne, transformant les paysages sur son passage, au gré de ses repas (et de ses déjections), de dépôts laissés par ses bottes, de cailloux lancés par jeu… Il lui arrive même de tarir des rivières lorsqu’il a soif ! Cet appétit incroyable illustrerait l'appétit de vivre marquant la période qui suit les difficultés de la peste et de la guerre de Cent Ans (fin du XVe siècle - début de XVIe siècle). Maladroit mais jamais intentionnellement méchant, Gargantua est un héros populaire, un ripailleur dont les aventures, parfois scatologiques, font rire le grand public de l'époque. Les récits légendaires sur sa naissance rapportent qu’il serait né de personnes de tailles inférieures à la moyenne, et qu’a contrario il aurait eu une très forte croissance. Rabelais quant à lui affirme que son personnage de Gargantua serait né un 3 février (et d’autres auteurs le pensent aussi), en sortant de l’oreille gauche de sa mère. Cette date de naissance, et son caractère absurde, le rapproche de carnaval dont les récits de Gargantua partagent déjà la fonction cathartique.

2/ Historique des pratiques, focus sur Langogne.

Si la ville s’attribue Gargantua comme héros fondateur, en s’appuyant certainement sur les propos de Felix Viallet, cela est dû en partie à un épisode légendaire qui s’y serait déroulé. Fait assez rare, le sang de Gargantua y aurait coulé, des suites d’une blessure au doigt, colorant ainsi les terres environnantes. Mais il ne faut pas oublier que la ville de Langogne, à la fin du XVe siècle est un carrefour commercial, possédant une foire réputée et attractive. Elle reçoit ainsi cette littérature de colportage dont Gargantua est l'un des « best-seller ». Il faut toutefois attendre le XIXe siècle pour voir apparaître la tête géante de Gargantua dont les cartes postales anciennes de Langogne perpétuent le souvenir. Celle-ci est exhibée dans le cadre du cortège de chars fleuris qui défilent dans la ville. Monumentale, elle mesure environ trois mètres cinquante. Elle est également articulée, ses yeux et sa bouche semblent s'animer et convier les habitants à la fête. Mais n’oublions pas que Gargantua n’est pas le héros d’une région en particulier, tant les récits de colportage lui font parcourir et transformer les paysages de France.

3/ Les pratiques actuelles autour de Gargantua.

Bien qu’elle soit issue d’une littérature principalement orale, la légende de Gargantua continue encore à vivre aujourd'hui. C’est par exemple le cas en Lozère, dans la ville de Langogne (« le pays de Gargantua »), où le géant est fêté depuis 1884. Et si les sorties de « Gargantua » du 1er août ont été suspendues aux alentours de 1978, sa tête est ressortie une première fois en l‘an 2000 et reprend depuis part aux processions des chars carnavalesques. On remarque aussi à Langogne la création récente de la confrérie du Manouls Langonais de Gargantua, qui met en lumière cette spécialité culinaire d'abats de mouton et de veau (les manouls), mais aussi la confiserie appelée « la Gargantille ». Et depuis le 7 avril 2000, Langogne détient le record du monde de la saucisse la plus longue : 23 160 m exactement, une nouvelle fois en hommage à Gargantua.

4/ La transmission d’hier et d’aujourd’hui.

Les premiers récits de littérature orale sur la figure de Gargantua et des géants en général se constituent en France à partir du Moyen- Âge, pour enfin connaître un vrai succès au XVIe siècle. Le nombre de chroniques orales augmente, ainsi que celui des ouvrages écrits, à la suite de Rabelais. En 1675, paraissent ainsi Les Chroniques du Roy Gargantua, cousin du très redouté Gallimassue et en 1715, est publiée la Vie du fameux Gargantua, fils de Briarée et de Gargantine. Aujourd’hui, la légende de Gargantua se perpétue différemment, en accord avec les modalités actuelles de partage des connaissances. On trouve ainsi des sites internet qui lui sont dédiés, et il existe même sur Facebook un #Gargantua.