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Jean Jaurès et le Félibrige / Joseph Anglade
Anglade, Joseph (1868-1930)
Cet article de Joseph Anglade paru dans le Mercure de France le 1er janvier 1926 est le premier texte publié s’intéressant à la pensée et l’action de Jean Jaurès vis-à-vis de la langue occitane.
Le languedocien Joseph Anglade (1868-1930) est agrégé de lettres, spécialiste de la littérature occitane, professeur à la faculté de Toulouse depuis 1910 et fondateur de l’Institut d’études méridionales en 1914 et par ailleurs Majoral du Félibrige. Anglade est représentatif de l’évolution qui s’opère au sein des mouvements de renaissance occitane au cours de l’entre-deux-guerres : rapprochement des mondes savants romanistes et des mouvements renaissantistes, montée en puissance de tendances républicaines et progressistes face aux régionalistes conservateurs.
Jean Jaurès, panthéonisé deux ans plus tôt en 1924, devenait au même moment une figure importante à la fois du progrès social et intellectuel, de l’internationalisme et de l’identité nationale et républicaine en France. Joseph Anglade fut l’un des premiers à saisir l’intérêt de rallier la figure de Jaurès en voie de mythification aux problématiques du combat renaissantiste pour la reconnaissance et le soutien politique en faveur de l’occitan dans la France républicaine du XXe siècle.
Joseph Anglade propose ici, dans une revue nationale, un article plus stratégique que véritablement historique même s’il est riche de sources et d’informations. Il est clair que Joseph Anglade souhaite avant tout rendre compatible les écrits de Jean Jaurès sur la langue et la littérature occitane - essentiellement quatre articles parus dans La Dépêche entre 1909-1911 - avec le projet renaissantiste mené par le Félibrige au point de conclure que « Jaurès avait donc l’âme d’un félibre et d’un bon félibre » ! en reconnaissant tout de même qu’ « il aurait fait des restrictions sérieuses au sujet de certaines idées fondamentales - ou qui paraissent telles - de la doctrine félibréenne et qu’avant d’être déclaré dignus intrare, il aurait dû répondre à quelques questions d’orthodoxie ; car il avait par certains côtés une âme d’hérétique et de mécréant, félibréen s’entend. »
Au final, même s’il tente de dissimuler le profond désintérêt que Jaurès témoigna tout au long de sa vie pour les mouvements de renaissance occitane - à la différence de la pratique de langue occitane pour laquelle sa posture et sa pensée tranchaient avec celles des hommes politiques de sa génération - Joseph Anglade rappelle à juste titre l’intérêt et l’estime que le Jaurès critique littéraire portait à la littérature d’expression occitane de son temps.
Cet article paru en 1926 ouvre en tout cas une question jusque-là totalement - et sciemment ? - ignorée de la plupart des biographes de Jean Jaurès : celle de sa connaissance d'une réalité occitane, d’un certain intérêt pour la littérature occitane voire d'une pensée historique du fait régional occitan marqué par la Croisade contre les Albigeois notamment. Il faut cependant attendre les années 1970 pour que le chantier soit véritablement ouvert par les historiens et spécialistes de Jean Jaurès (André Armengaud, Rémy Pech, Ulrike Brummert) parallèlement à la célébration d’un Jaurès en véritable mythe d’une conscience collective occitane en construction chez les écrivains, artistes et intellectuels des années 1970 et 1980. Entretenant débats et controverses pendant une bonne décennie, les deux « partis », historiens et militants, mirent au jour une autre dimension de la question linguistique chez Jaurès, que ne traitait pas Joseph Anglade en 1926, celle de sa propre « occitanité », de sa pratique de la langue dans le discours public et de son évolution vers une pensée politique de l’enseignement de l’occitan à l’école en 1911, seule - mais puissante - revendication de Jean Jaurès vis-à-vis du « fait occitan ».

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CIRDÒC-Mediatèca occitana


Henri IV de France et de Navarre est entré dans l'histoire comme « le Bon roi Henri » ou « le Béarnais» , deux surnoms qui témoignent de la légende qui s'est emparée très tôt de la figure d’un roi au destin peu commun. D’abord roi de Navarre et chef du parti protestant contre la dynastie des Valois, il devient roi de France catholique en 1589.

Naissance d'un symbole

Henri de Navarre est l’héritier d’un royaume qui mène une importante politique d’indépendance vis-à-vis de l’Espagne et la France. Sa naissance en 1553 est mise en scène par son grand-père, le roi Henri II d'Albret, comme un acte d'affirmation de la souveraineté et des spécificités de son royaume vis-à-vis de ses encombrants voisins. Dans un château de Pau paré pour l'occasion des plus riches tentures aux couleurs des Béarn-Navarre, Jeanne d'Albret met au monde le jeune prince sur l'air de Nouste dame deu cap deu poun (vieille chanson béarnaise).

Henri, devenu roi de Navarre et chef du parti protestant, comprend lui aussi très tôt le sens des symboles. Pour construire sa légende, il reçoit la contribution des écrivains de la renaissance littéraire gasconne initiée par sa mère Jeanne d'Albret, dont le plus important, le très « patriotique » Pey de Garros, compose ainsi des Poesias gasconas où il contribue à la création du mythe du « bon roi Henri »... de Navarre.

Un Gascon à la Cour de France

Mais alors que catholiques et protestants se déchirent au cours des Guerres de Religion, son accent et ses manières d'homme élevé « à la béarnaise » vont être tournés en ridicule par le Parti catholique et royal. C’est la naissance du personnage du « Gascon » et du genre de la « gasconnade », qui perdureront dans le comique français jusque tard au XVIIe siècle. Ce personnage du Gascon fanfaron et beau-parleur va même renaître à la fin du XIXe siècle avec Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand.

L'héritage béarnais d'Henri IV aura ainsi deux facettes du vivant du roi. Mais sa mort soudaine et violente en 1610 va faire des sujets de moquerie d'hier les symboles d'un roi simple et proche de son peuple. Le motif du Gascon s'inverse lorsque, en 1611, l’écrivain Guillaume Ader crée l’idéal Gascon avec un chef-d’oeuvre de la littérature occitane, Lo Gentilome Gascon. Son héros, Henric Gascoun, se confond avec Henri IV ainsi décrit en conquérant flamboyant, glorieux chef de guerre.

« Notre Bon roi Henri »

Dès lors, Henri IV sera le « Bon roi Henri », le Béarnais, une figure positive tour à tour utilisée par les différents camps, tant royalistes que révolutionnaires, encyclopédistes...

Pourtant, si Henri maintient de son vivant la souveraineté politique (les États de Béarn), juridique (Fors et coutumes) et même linguistique (Henri IV ne s'adresse à ses sujets béarnais qu’en occitan) de ses États,  le roi de France n’en sera pas moins le grand continuateur de la marche vers l’absolutisme et le centralisme, dont la langue unique ne peut être que la langue historique des rois de France et de leur domaine, le français.
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CIRDÒC-Mediatèca occitana
La duchesse Aliénor d’Aquitaine (vers 1124 -1204) est passée dans la légende pour son destin hors du commun, devenant successivement reine de France et reine d’Angleterre. Elle a été l’objet privilégié des poètes et écrivains de son temps, tantôt partisans, tantôt hostiles, qui nous transmettent deux portraits très différents de la grande dame du XIIe siècle : une « légende noire », celle d’une femme légère et avide de pouvoir, et une « légende dorée », celle d’une princesse brillante, incarnation de la Dame idéalisée des troubadours.

À l’âge de 14 ans, Aliénor hérite d'un des plus importants domaines de l’Europe occidentale, qui s’étend des Pyrénées jusqu’à la Loire. Elle épouse en 1137 l’héritier du royaume de France, le futur Louis VII, et devient reine à ses côtés. Leur mariage est annulé par l'Église quinze ans plus tard, en 1152. Elle épouse alors Henri Plantagenêt, puissant seigneur de la Normandie et de l’Anjou, qui devient roi d’Angleterre deux ans plus tard. Le couple Plantagenêt règne ainsi sur tout l’Ouest du royaume de France et sur le royaume d’Angleterre. Le règne d’Henri Plantagenêt et d’Aliénor va connaître un véritable âge d’or culturel marqué notamment par l’apogée de l’art des troubadours.

Aliénor et les troubadours : mythe ou réalité ?


Aliénor est l’héritière d’une des cours les plus novatrices sur le plan artistique. Son grand-père, Guilhem IX, est le premier troubadour connu et considéré comme le principal inventeur de cet art nouveau qu’est le trobar. Son père Guilhem X est un grand mécène et reçoit de nombreux troubadours comme Cercamon ou le jeune Marcabru.
Devenue reine de France, certains récits dépeignent Aliénor comme une souveraine qui détonne par ses goûts et ses protections artistiques au sein d’une cour moins libérale dans sa conception du désir et de l’amour. Le troubadour Marcabru aurait par exemple été banni de la cour par le roi qui n’aurait toléré le chant d’amour dont la reine était naturellement l’objet privilégié.

S’il est difficile de démêler la vérité historique de la légende, il est certain que Bernat de Ventadorn, qui la nomme explicitement dans une de ses chansons, a été un des grands protégés des cours d’Aquitaine et d’Angleterre. Il est également révélateur que l’âge d’or du trobar occitan se situe au moment du règne d’Aliénor et d’Henri Plantagenêt.

Le couple Plantagenêt et les arts


Quelle que soit la réalité du rôle d’Aliénor dans l’apogée de l’art occitan du chant d’amour dans la seconde moitié du XIIe siècle, le règne du couple Plantagenêt représenta indéniablement un âge d’or culturel. Leurs domaines, au croisement des civilisations d’oc, d’oïl et bretonne, vit éclore et se développer toutes les innovations majeures de la littérature occidentale du XIIe siècle, le roman arturien, la lyrique occitane ou encore l’épopée.

Aliénor d'Aquitaine s'éteint à près de 80 ans à Poitiers en 1204. Sa sépulture à l’abbaye de Fontevraud est surmontée d’un gisant la représentant un livre à la main, dernière innovation que l’on doit à un personnage digne de sa légende.
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Clairac (Lot-et-Garonne) - Monument aux morts
CIRDÒC-Mediatèca occitana
Inauguré en 1922, le monument aux morts de Clairac fait partie des monuments comportant une inscription en occitan. Ce choix, original dans la statuaire publique en France, se retrouve dans de nombreux monuments aux morts de l’espace occitan, en Aquitaine, en Languedoc ou encore en Provence.
 
Sculpté par Eugène Delpech, un artiste originaire du village, le groupe placé au centre du monument représente un sujet classique des monuments commémoratifs de la Première guerre mondiale, celui de la mère veuve et l’enfant. La mère tient un livre à la main qui porte l’inscription « Livre d’or de la Grande Guerre » et invite son enfant au devoir de mémoire patriotique. Beaucoup plus originale est l’inscription du socle, en occitan et non en français, et qui renvoie à la tenue « traditionnelle » paysanne des deux personnages sculptés : « N’oublides pas, Pichiou, lous qué soun mors per la Patriou ! » : en graphie classique : Doblides pas, pichon, los que son mòrts per la Patria ! ; traduction française : N’oublie pas, petit, ceux qui sont morts pour la Patrie !)
La graphie peu maîtrisé et très phonétisante de l’inscription occitane prouve que le choix de l’occitan n’est pas lié aux mouvements de renaissance occitane mais participe plutôt d’une volonté d’ancrage très local du discours porté par le monument.
 
Eugène Delpech propose ici, pour honorer la mémoire des 103 Clairacais morts entre 1914 et 1918, un monument d’inspiration très patriotique. Il fait cependant le choix plus original et sans doute plus émouvant pour les observateurs des années 1920, d’identifier le monument à la communauté locale plutôt que nationale, par ses vêtements, et surtout par sa langue.
 

Nom de l'édifice :

Monument aux morts de Clairac

Autres appellations :

Localisation :

Clairac, Jardin public

Fonction d'origine de l'édifice :

Monument aux morts de la guerre de 1914-1918

Fonction actuelle de l'édifice :

Monument aux morts

Datation :

1921-1922
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Lou delubre
Provence, Marcel (1892-1951) Directeur de publication

Journal créé au cours de la Première guerre mondiale, publié à Aix par Marcel Provence (1892-1951) entre juin 1915 et mai 1916 (parution de 4 numéros), Lo Delubre : Santo Ventùri doit son titre à un monument emblématique de l’histoire de la Provence. Lou Delubre est en effet un monument dressé par le général Marius (157-86 av. J.C.) au pied de la Montagne Sainte-Victoire à la mémoire des soldats romains ayant vaincus les barbares germains.

Note de contenu


Le bulletin se veut un lien entre les félibres du front et ceux restés à l’arrière. Chaque numéro débute par la liste des félibres “morts pour la patrie”, suivie d’une lettre du capoulié (ou d’un membre important du félibrige) en soutien à la cause félibréenne sur le front. Il est complété par les actualités liées au félibrige, et parfois par des discutions et débats autour de celui-ci.
Le journal bien que relatant principalement l'événementiel n’en demeure pas moins patriotique et n’oublie jamais de saluer et soutenir la “Grande Patrie”.

Exemplaires conservés

  • CIRDÒC (Béziers)
    Cote : AG
    État des collections : n.1, 1915 -n.4, 1916
  • BnF (Paris)
    Cote : FOL- LC6- 641
    État des collections : n°1,1915-n°4, 1916
  • Bibliothèque Centrale de Toulon
    Cote : 30182
    État des collections : n°1,1915-n°4, 1916
  • Bibliothèque d’Études et du Patrimoine (Toulouse)
    Cote : P4137
    État des collections : n°1,1915-n°4, 1916
  • Bibliothèque de l’Alcazar (Marseille)
    État des collections : n°1, 1915-n°4, 1916
  • Médiathèque Emile-Zola (Montpellier)
    État des collections : n°1, juin 1915-n°2, novembre 1915
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La presse en occitan pendant la Grande Guerre
Centre inter-régional de développement de l'occitan (Béziers, Hérault)
Durant la première Guerre Mondiale, la presse en occitan se fait l'écho de la crise qui traverse l'ensemble de la société française. Cette période est également riche en création de nouveaux titres de presse occitane, notamment avec le besoin de créer du lien avec l'arrière : création de journaux de tranchées et de guerre.

Petit tour d'horizon de l'évolution de la presse en occitan durant la Première Guerre mondiale.

1/ Journaux de tranchées en occitan

Les « journaux de tranchées » représentent un type de publication lié à l'évolution de la guerre de 1914-1918. Ils apparaissent dès que le front se stabilise et que commence une guerre de tranchées, conçus par des soldats et des officiers au front.

St Thomas, 22 juillet 1915, Au repos - Albums Valois. Collection Valois (VAL 120), coll. BDIC

Enterrés dans les tranchées, des soldats rédigent, de manière manuscrite d'abord, puis sous forme de petites feuilles ronéotypées ou imprimées, des journaux destinés à distraire leurs camarades. Ils jouent un rôle essentiel pour le moral des troupes, comblant l'absence de nouvelles et aidant, à grand renfort d'humour, à vaincre l'ennui, voire le désespoir.

Le premier d'entre eux, l'Écho de l'Argonne, naît en octobre 1914. Les journaux de tranchée prolifèrent sur le front français. Le Petit Colonial, LÉcho de l’Argonne, Le Poilu et L’Écho des marmites sont les premiers à être créés, suivis par beaucoup d'autres. Leur périodicité est bien souvent incertaine. On recense pourtant plus de 450 titres souvent tirés à un très faible nombre d'exemplaires, à l'exception de quelques-uns comme Le Crapouillot, imprimé à Paris à plus de 1500 exemplaires, et qui connaîtra une exceptionnelle longévité.
Les journaux édités par les troupes de première ligne sont majoritaires alors que les journaux des unités de seconde ligne (artilleurs et territoriaux, soldats du génie, cavaliers et blindés) ne représentent qu’un tiers des publications.
Les titres sont rédigés dans les unités moins exposées que l’infanterie de première ligne. Ils émanent généralement de soldats ayant une spécialité (fourriers, brancardiers, téléphonistes, vaguemestres, cyclistes, cuisiniers, etc.). Plusieurs journaux de tranchées sont rédigés entièrement en occitan. La plupart d’entre eux sont créés par les sociétés félibréennes constituées au Front.

>Titres recensés :

Lou Boulet rouge, n°3, 27 octobre 1917 - Fonds Jouveau (JOU 19-6), Coll. CIRDÒC

Ecò dóu Bousquetoun. Escolo dóu Boumbardamen. [S.l.] : [s.n.], 1915-1919.
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Buletin de l'Escolo dóu Boumbardamen
. Escolo dóu Boumbardamen. [S.l.] : [s.n.], 1916.
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Lou Boulet rouge [dóu Lio-Tenènt Teissier 12e Cie dóu 416e S.P. 198]. [S.l.] : [s.n.], 1917-1919.
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2/ Journaux et revues de guerre en occitan

À la différence des journaux de tranchées, ces titres sont élaborés à l'arrière, et pour ce qui concerne l'espace occitanophone, bien loin du front. Pour autant, ils sont parfois en contact direct et permanent avec les combattants, soit par la correspondance, soit parce que leur rédacteur, comme Pierre Azéma pour Lou Gal de Montpellier, a fait l'expérience du feu avant d'être réformé suite à une grave blessure.
Ils peuvent aussi être un trait d’union entre les combattants comme dans le cas de la Gazeto Loubetenco où le rédacteur Joseph Loubet qui se définit comme un greffier “grafié de tóuti” se charge de recueillir les nouvelles qu’il reçoit du front et de les faire circuler auprès de ses lecteurs-correspondants.

Pour les uns comme pour les autres, il fallait pour parvenir à la publication surmonter à la fois les conditions matérielles imposées par la réalité des combats et la surveillance accrue de la censure qui apportait son visa sur tout échange de correspondance avec le front.

>Titres recensés :

Affiche publicitaire pour le journal Lou Gal, coll. CIRDÒC (Aff. 685)

La Gazeto Loubetenco. [Paris] : [J. Loubet], 1915-1917
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Lou delubre : Santo Ventùri ! [Le Mont de la Victoire] : buletin di felibre de la grando guerro. Aix-en-Provence : [s.n.], 1915-1916
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Lou Gal. Mount-Peliè : [s.n.], 1915-1920
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Cacalaca. Alès : [s.n.], 1916-1936.
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Lou Secrèt. Le Cailar (Gard) : [s.n.], 1918-1919.
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L’Escolo de l’Uba-Luen [de l’Extrême-Nord]. [S.l.] : [s.n.], [s.d.].
Aucun exemplaire connu à ce jour, identifié grâce grâce aux informations contenues dans Lou Libre d’or de Santo Estello (p.63) et Noto de guerro de Marius Jouveau.

3/ L'occitan dans la presse et les revues françaises

L’occitan est présent dans la presse et les revues françaises publiés au cours de la première guerre mondiale. On en trouve la trace dans les publications qui paraissent sur le front et qui sont nées avec la guerre, mais aussi dans celles qui paraissent à l’arrière et qui sont pour la plupart des revues régionales ou régionalistes.

>Titres du front :

Hurle Obus : Échos des terribles torriaux, organe des tranchées du 12e territorial infanterie. [S.n.] : [s.l.], 1916-1917.
Journal de tranchées publié de 1916 à 1917 qui contient une chronique rédigée entièrement en picard. Aurait  été publié dans cette rubrique le poème en occitan de Camille Dupetit intitulé Fausse alerte.
Consulter les numéros disponibles en ligne

Poil et Plume, Gazette inoffensive et intermittente: poil des rudes lapins, plume des joyeux coqs du 81me Régiment d'Infanterie. [S.l.] : [s.n.], 1916.
Dès sa parution au mois de mars 1916, le journal porte en exergue sur ses trois premiers numéros “Vivo lou Clapas!” expression contestée et remplacée par la suite par “Vivo lou Miejour” (“Vive le Midi”) pour satisfaire aux réclamations de l’ensemble des soldats méridionaux. Le journal publiait toute sortes d’articles : échos, rubriques de bons mots dont certains rédigés en occitan. Imprimé à Cavaillon, son tirage variait entre 2000 et 3000 exemplaires.

La Vie poilusienne : Journal du 142e régiment d’infanterie. [S.l.] : [s.n.], 1916-1917.
Ce journal fondé par Pierre Causse (1883-1951) félibre montpellierain, vigneron et poète connu sous le nom de Caussou de l’Oulivié ou du félibre de l’Oulivié voit son premier numéro paraître en mai 1916 dans les tranchées à droite de la ferme de Beauséjour, imprimé sur 4 pages, tiré à 1200 exemplaires. La Vie poilusienne qui s’adressait au 142e régiment constitué de soldats du Midi, publiait vers et proses en langue d’oc. Le journal imprimé à Montpellier à partir du numéro 6 connaîtra neuf numéros.

L'Écho du boqueteau
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>Titres de l'arrière :

Le Rayon. Supplément du Poilu Saint-Emilionnais. Bulletin religieux. Bordeaux : [s.n.], 1917-1919.
Fondé par l’abbé Daniel Bergey (1881-1950) mobilisé au 18e régiment d’infanterie, ce journal imprimé à Bordeaux est le 2ème supplément du Poilu Saint-Emilionnais. Ce n’était pas seulement l’organe du 18e R.I. mais celui des combattants de toute une commune et de leur famille ; le journal recevait des nouvelles de tous les poilus de Saint-Emilion disséminés sur le front. Il publie des articles et des poèmes en langue d’oc (béarnais) et en basque s’adressant plus particulièrement aux soldats du 18e R.I. Fondé en 1915, le journal disparaîtra en 1919 avec ses suppléments.

Le Petit Var. Toulon : [s.n.], 1880-1944.
Le Petit Var est un quotidien républicain socialiste. A l’image d’une grande partie de la presse méridionale, il prend fait et cause pour les soldats du XVe corps contre l’accusation de lâcheté lancée par le sénateur Gervais. “On s’expliquera plus tard” écrit Le Petit Var, le 26 août 1914 et tenant promesse, il publie une campagne pour une réparation morale durant tout le mois de juillet 1919. Le journal publie également de manière irrégulière des dessins humoristiques rédigés en occitan dont l’auteur reste aujourd’hui inconnu.

Revue Méridionale. Carcassonne : [s.n.], 1889-1915.
Fondée à Carcassonne par Achille Rouquet en 1886, originellement sous le nom de Revue de l'Aude, la Revue Méridionale est une revue régionaliste qui publie les textes des grands écrivains du Midi : Achille Mir, Frédéric Mistral, Roumanille, Gaston Jourdanne, Auguste Fourès. Elle fait une large place à l’occitan et publie aussi des auteurs parisiens connus comme Mallarmé. En 1915, la revue en est à sa 30ème année quand elle publie le “Clam de guerra occitan” [Cri de guerre occitan] de Prosper Estieu daté du 27 août 1914. Les années de guerre seront marquées par la publication de correspondances de guerre, de nouvelles du front et de poèmes patriotiques. La revue cessera de paraître en 1916.

Le Feu. Aix-en-Provence : [s.n.], 1905-[1943?]. (NS 1917)
Organe du régionalisme méditerranéen, la revue Le Feu est publiée deux fois par mois à Aix-en-Provence par Emile Sicard et Joseph d’Arbaud. Après avoir cessé de paraître lors de la déclaration de guerre Le Feu, reparaît dans une nouvelle série en janvier 1917. Affichant son attachement à Mistral, à la renaissance provençale et à la fraternité des pays d’Oc, la revue revendique la renaissance des provinces et défend la cause régionaliste. Bien qu’écrite en majorité en français la revue consacre plusieurs articles aux auteurs occitans.

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L'Echo des Gourbis
Lafforgue, Jules (18..-1947)
Malzac, Franc
Cazes, Jean

L'Écho des Gourbis, « journal antipériodique des tranchées et boyaux », comme le dit son sous-titre, est “l'organe des troglodytes du front”. Rédigé par des membres de régiments du Quercy et de Gascogne, il publie d'amusants échos, des anecdotes plus ou moins authentiques, des articles, le tout sur un ton généralement humoristique. Le journal publie parfois des chants occitan, chaque numéro est agrémenté d’un livre d'or rempli par ses rédacteurs.

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L'Echo du boqueteau

Publication des félibres de l'Escolo dóu Boumbardamen créée dans les tranchées de Remières, l’Echo du Boqueteau paraît dès 1915. Sortent d’abord trois numéros intitulés l’Echo de Remières qui cèderont la place à l’Echo du boqueteau. Sur l’année 1915 ce sont 45 numéros de cette revue bilingue (français/occitan) qui seront édités. En mars 1916, à la suite de la création d’une édition provençale L’Echo du boqueteau cesse d’être bilingue mais continue à publier de temps à autre des textes en occitan. Cette parution continuera tout au long de la guerre, sous trois formes à partir de 1917 : édition française, édition provençale et édition vellave avec plus de 300 numéros.

Voir aussi Buletin de l'Escolo dóu Boumbardamen et L'Ecò dóu bousquetoun

Exemplaires conservés

CIRDÒC (Béziers), fonds Jouveau [JOU 19-2] : n.13, 1917-n.14, 1917 ; BnF [4-LC6-281 (A)] : janv.-déc. 1916 [II, n° 1-2, 8-18, 23, 26-27, 29, 32, 36, 38, 41, 43, 59], janv.-oct. 1917 [III, n° 1-5, 7-9, 15-22, 24, 26-31, 33-36, 38-46 ; BnF Arsenal [RESERVE 4- JO- 12707 (16)] : n° 21 (23 avr. 1917) ; Bibliothèque du Puy-en-Velay [4164] : t. 1917 [III, n° 1-5, 7-9, 15-22, 24, 26-31, 33-36, 38-46] ; BM Besançon [PER.2880] : Depuis n°28 (oct1915); n°38 (mai 1916); N°54 (dec 1917 no. 28 (oct-1915) ; no. 38 (mai-1916) ; no. 54 (dec-1917) no. 28 (oct-1915) ; no. 38 (mai-1916) ; no. 54 (dec-1917) ; BM Clermont-Ferrand [A 65486] : Depuis 1917 jusqu'en 1918 [Certains exemplaires ne sont ni datés ni numérotés] ; BDCI Paris [FP RES 50] : Depuis vol.2 n°17 (1916) jusqu'au vol.4 n°12 (1918) [Lacunes vol. 2 no.17 (1916) - vol. 4 no. 12 (1918) [Lacunes]


Bibliographie

Boudon-Lasherme, Albert. Un journal de tranchée : l’Echo du boqueteau. Le Puy : Impr. des Félibres, 1919. [CIRDÒC : JOU C 308]

Charpentier, André, Feuilles bleu horizon : le livre d'or des journaux du front : 1914-1918. Paris. Impr. de Vaugirard, 1935

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Lou Secrèt
Peyre, Sully-André (1890-1961)
Périodique occitan publié pendant la Première Guerre mondiale, créé en 1918 par Sully-André Peyre (1890-1961) sous le pseudonyme de Jan de la Vaulongo. Ses principaux collaborateurs sont Alàri Sivanet (pseud. d'Elie Vianès), Amadiéu Gambardella et Francis Pouzol, tous mobilisés. À la création de Lou Secrèt la volonté de S.-A. Peyre est de poursuivre l’oeuvre de Joseph Loubet et de sa Gazeto Loubetenco dont la publication s’est interrompue en 1917.

Exemplaires conservés

CIRDÒC (Béziers) [JII-1] : n.1-2 (1918)-n.9-10-11-12 (1918) [lac n.3-4] CRD Occitane (Mouans-Sartoux) [T20] : n.1 (1918)-n.16 (1919) [lac]

Note de contenu
Cinq numéros seulement seront publiés entre 1918 et 1919. Ils portent la mention "A gràtis pèr lou Front", “Gratuit pour le Front”. Chaque numéro comporte une rubrique "Biblioutèco Circulanto Prouvençalo", liste d'ouvrages destinés à faire circuler la littérature provençale entre soldats. Le journal est surtout le lieu pour les jeunes félibres de débattre de leur nouveaux projets, principalement la création d’un quotidien en provençal, qui ne verra jamais le jour.
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Jean Moulin et la langue d'oc : une sélection de documents conservés au CIRDOC
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers, Hérault)

À l’occasion des commémorations du 70e anniversaire de la mort de Jean Moulin, le CIRDOC-Mediatèca occitana, situé sur la même place que sa maison natale, avait proposé un éclairage sur un aspect méconnu de la jeunesse du grand héros de la Résistance à partir d’une sélection de documents conservés dans ses collections.

Les origines provençales de Jean Moulin

Hérité de sa famille d’origine provençale, en particulier de son père Émile-Antoine Moulin - familier de Frédéric Mistral et poète de langue d'oc - Jean Moulin demeura toute sa vie durant attaché à la Provence dont il maîtrisait la langue. 

« Tous nos ancêtres immédiats provenaient d’une bande de terre de basse Provence, de part et d’autre de la Durance » Laure Moulin, sœur de Jean Moulin1

MOULIN, Laure. Jean Moulin. Paris, presses de la Cité, 1969.

[imatge id = 21384] Le père de Jean Moulin, Antoine-Émile Moulin (1857-1938), dit « Antonin » Moulin, est originaire de Saint-Andiol, village des Bouches-du-Rhône, tout comme sa mère, Blanche Pègue

Antoine est le fils d’une vieille famille de tisserands républicains, Blanche est fille de paysan. Après des études de Lettres, Antoine Moulin est nommé professeur à Bédarieux puis au Collège de Béziers.
Dans le Béziers florissant des dernières années du XIXe siècle, le jeune professeur devient un membre actif des milieux républicains, dreyfusards, laïques et francs-maçons. Antonin Moulin fut à l'initiative du monument au maire Casimir Péret, déporté pour son opposition au coup d'Etat de 1851 et mort lors d'une tentative d'évasion du bagne de Cayenne.
Il est assez loin des acteurs locaux de la Renaissance d'oc, plus conservateurs, qui mènent au même moment, sur l’exemple provençal de Frédéric Mistral et du Félibrige, des actions en faveur de la langue d'oc. 

Sans participer activement aux mouvements de défense et promotion de la langue d’oc à Béziers, Antonin Moulin entretient un attachement familial et intime à sa langue maternelle, l’occitan provençal de son Saint-Andiol natal. Il fréquente Frédéric Mistral à qui il rend visite à plusieurs reprises à Maillane. Mistral lui fera rencontrer Alphonse Daudet. 
Les Moulin, mère et père, conservèrent toute leur vie des attaches avec Saint-Andiol où résident une grande partie de leurs familles. Les vacances, comme les grands événements de la vie familiale se déroulent tous à Saint-Andiol. Dans son livre de mémoires, Laure Moulin, sœur aînée de Jean, retranscrit ses impressions de voyage vers Saint-Andiol et évoque leur pratique de la langue familiale. 

« Quand tout se passait bien, nous prenions le petit train à Barbentane et là nous entrions dans un autre monde. Nous n’entendions plus parler que le provençal, ce qui nous réjouissait, surtout nos parents dont c’était la langue maternelle. Mon frère et moi, élevés en Languedoc, si nous le comprenions très bien, nous le parlions mal. »

Jean Moulin conservera un attachement à la Provence de son enfance et de ses origines, ce dont témoigne le choix de son nom d’artiste - « Romanin » - souvenir d’une excursion familiale au célèbre château éponyme près des Baux-de-Provence et qui signifie « romarin » en langue d'oc. Jean Moulin ne cultiva pas la langue d’oc comme son père. le document le plus émouvant, puisqu'il s'agit d'un personnage si important et célèbre de l'Histoire, est le poème que compose son père à sa naissance : A moun fieu Jan / O moun Janet, moun cago-nis... 
Il existe peu de documents faisant état d'une pratique de l'occitan chez Jean Moulin, elle restait occasionnelle, mais réelle. Sur des cartes de voeux apparaissent parfois des formules en langue d'oc, ou au détour de sa correspondance personnelle, quelques mentions de conversations achevées dans la langue familiale  nous renseignent sur un Jean Moulin occasionnellement occitanophone.

Documents : 

1/ Texte du poème en provençal écrit par Antonin Moulin pour son fils Jean, âgé de trois mois. (texte extrait de Laure MOULIN, op. cit. et mis en forme pour une exposition)

2/ 
- Lettre d'Antoine Moulin à Roger Barthe (1911-1981), écrivain occitan et félibre biterrois, membre du parti radical comme Antonin Moulin  - 17 juillet 1934
- Dédicace en occitan d'Antonin Moulin à  Emile Barthe pour le féliciter de son titre de Majoral du Félibrige
(CIRDOC-Fonds Barthe)

3/ Poème-dédicade d'Antonin Moulin à Frédéric Mistral publié dans La Santo Estello, journal paru à l'occasion des fêtes félibréennes de la Sainte-Estelle à Béziers (24 et 25 mai 1902)