C'est conjointement aux géants du Nord, que le Poulain de Pézenas fut classé à l'UNESCO en 2005. Toutefois, force est de constater la fréquence et l'abondance de ces animaux totémiques dans le Midi de la France en général et dans le Bas-Languedoc en particulier.
Saint Blaise, ou Sant Blasi de son nom occitan, protecteur des cardeurs (artisans textile) devint également saint patron de la ville, qui fut dès le Moyen Âge un important centre drapier. Son culte est célébré à Pézenas au moins depuis 1299, suite à la mobilisation des corporations drapières de la ville. Fête patronale la Sant Blasi ouvre également à Pézenas les festivités de Carnaval, durant lesquelles apparaît guidé par lo menaire (le guide en occitan), le Poulain emblématique.
Le Camel (ou chameau), est l'animal totémique de la ville de Béziers. Il défile dans les rues de la ville à deux occasions : pour les fêtes de la Saint-Aphrodise le 28 avril et les fêtes des Caritats se tenant le jour de l'Ascension.
Pour perpétuer le souvenir du chameau, et les actes de charité qui entourent cette légende, un chameau en bois fut construit et défile dans les rues de Béziers tous les ans à la même date pour les célébrations de la Saint-Aphrodise. Le chameau, énorme machine de bois se meut grâce à quatre personnes abritées dans ses flancs. Il est recouvert de grandes tentures et de toiles peintes sur lesquelles figurent plusieurs inscriptions : « Ex antiquitate renascor » et « Sem Fosso ». La première expression en latin signifie « je renais de l'Antiquité » et fait référence au caractère séculaire de cette manifestation. L'inscription « Sen Fosso » est, elle, une expression en occitan languedocien signifiant « nous sommes nombreux », intégrant une notion de cohésion par la force du nombre. Cette machine détient également de grandes machoires en fer, les « Gnico-Gnaco » qui claquent tout le long du défilé. Le Camel est guidé à travers la ville par le Papari, son gardien, suivi de toutes les corporations de métiers de la ville. L'arrêt est obligatoire devant la maison du potier, où une offrande, la cibado, est remise au Camel. La parade fait également un arrêt devant la statue de Pépézuc, autre personnage légendaire de Béziers, rue Française. Le défilé est composé du chameau mené par le Papari, son gardien, suivis de personnes déguisées en « sauvages » dont la tête est couverte de branches vertes de sureau et surmontées d'un pain. Participent également au Passa-Carrièra les membres des différentes confréries et corporations de métiers mais aussi des danseurs qui s'arrêtent à de nombreuses reprises au cours du défilé pour interpréter des danses traditionnelles. Il est de coutume de danser la danse des treilles et la danse des pâtres au cours du défilé.
Le Camel de Béziers est aussi de sortie lors des fêtes de Caritats, le jour de l'Ascension, où des petits pains, les coques, étaient distribués à travers la ville aux plus pauvres. Cette fête était aussi un moment de liesse où toute la population locale défilait dans les rues en distribuant bonbons et douceurs. Aujourd'hui, un concours vient récompenser l'artisan qui a fait la meilleure coque. A l'issue du concours, des parts sont distribuées à la population.
La légende raconte que Saint-Aphrodise, premier évêque de Béziers serait arrivé d'Egypte avec son chameau pour évangéliser la Gaule. Il aurait été condamné à mort par le gouverneur romain en raison de sa trop grande activité. Décapité rue Saint-Jacques, il ramassa sa tête et retourna dans la grotte dans laquelle il vivait, aujourd'hui église Saint-Aphrodise. Sur son chemin, des habitants jetèrent des escargots à son passage mais le saint se contentait de les effleurer, sans les écraser. On raconte également que des tailleurs de pierre traitèrent de fou Aphrodise et furent immédiatement transformés en pierre. On pouvait voir leurs visages pétrifiés sur la façade de l'ancienne Abbaye du Saint-Esprit, rue des Têtes. Après la mort d'Aphrodise, une famille de potiers de Béziers recueillit son chameau et lui fournit le gîte et le couvert. Lorsque Aphrodise fut reconnu comme saint, la municipalité de Béziers décida de prendre à sa charge l'entretien du chameau. Un fief destiné à l'entretien du chameau fut créé. A la mort du chameau, le fief fut affecté à la charité publique et servait à financer la fabrication de petits pains donnés aux pauvres après avoir été bénis par l'évêque de Béziers.
Si le Camel de Béziers est bien inscrit dans les coutumes locales et semble avoir des origines ancestrales, il fut détruit et interdit à de nombreuses reprises.
L'effigie du chameau fut brulée durant les guerres de religion puis rapidement reconstruite. En 1793, avec la Révolution Française, elle fut également détruite en place publique avec tous les titres féodaux et son fief fut supprimé. En 1848, le camel fraîchement construit fut de nouveau démoli et tout aussi rapidement reconstruit par la population locale, très attachée à son animal totémique.
La tête du Camel qui défile aujourd'hui dans les rues de Béziers semble dater du XVII° siècle et la structure de son corps est, elle, beaucoup plus récente mais inspirée des anciennes représentations de l'effigie du Camel. Traditionnellement doté d'une seule bosse, l'armature du Camel se vit en rajouter une deuxième lors de sa réfection dans les années 1970. Face au mécontentement des Biterrois, la seconde bosse fut retirée afin de rendre à l'animal son apparence légendaire.